post-thumb

La question récurrente des parents qui viennent me consulter : comment limiter l’utilisation des multiples écrans de leur enfant ?

Il y a des règles pour protéger l’enfant en fonction de l’âge à une exposition de contenu ou de stimuli. La règles des 3/6/9/12 de Serge Tisseron: Pas de TV avant 3ans, pas de console de jeu personnelle avant 6ans, pas d’internet avant 9ans, pas de réseaux sociaux avant 12ans.

Il y a des préconisations basées sur le neuro développement qui indiquent les durées d’exposition recommandées et les capacités cognitives nécessaires pour décrypter les images et les informations. Les capacités d’élaboration ou de discernement ne sont pas acquises avant un certain âge et la violence de certains propos ou images peuvent être traumatisantes.

Mais au delà de ces explications, il reste deux écueils : comment résister à la pression sociale, aux copains qui…, aux injonctions parfois paradoxales ( par exemple le numérique à l’école)? Et surtout, comment donner sens à ces outils omniprésents, incontournables et souvent bénéfiques pour accompagner l’enfant dans une bonne utilisation et le protéger des dangers ?

Il convient donc de le protéger en limitant les « temps d’écran ». L’addiction aux écrans est bien réelle et ne concerne pas que les enfants ! Tout nous pousse aujourd’hui à cette relation aux objets, voir nous impose leur utilisation. Actes administratifs sur internet, divertissements, échanges sociaux, correspondances, contrats, informations, scolarité… Pour certains enfants, l’écran est un refuge, un espace solitaire sans contrainte de relation. Pour d’autres, c’est un formidable puit sans fond, ne nécessitant aucune concentration ou permettant de zapper « hyperactivement ». Ou du « voyeurisme » n’impliquant aucune participation… Une utilisation abusive est obligatoirement à questionner.

Sans aller jusqu’à ce point de vue politique (quoique…), difficile de ne pas craindre cette évolution sociétale :

https://www.facebook.com/share/v/RzJ92XftqeX5mCuG

Comme toute addiction, limiter ou supprimer sans remplir le vide provoqué ne produit qu’une situation intenable. Proposer (imposer ?) d’autres activités pour détourner des écrans et leur donner moins de place est certainement la meilleure voie pour limiter leur utilisation.

Mais le plus important est d’être le plus possible présent pour accompagner, expliquer, relativiser. Un enfant laissé seul devant une image traumatisante ne saura pas quoi en faire. Etre présent, c’est arrêter l’exposition rapidement et donner du sens.

Permettre à l’enfant de comprendre le danger, l’accompagner à réfléchir sur une émotion, lui expliquer le nécessaire tri dans les informations qu’il reçoit, c’est l’aider à grandir et lui donner les outils pour se limiter et se protéger.

Les écrans ne sont pas des ennemis si on les contrôle. La console de jeu peut l’aider à se canaliser, se surpasser, accepter la frustration de l’échec… Jouer avec lui permet de montrer comment on peut s’énerver aussi… et redescendre dans l’émotion. Les jeux vidéos permettent des apprentissages fabuleux si on ne tombe pas dans l’addiction.

Les informations et apprentissages par internet paraissent sans limites pour peu qu’on les utilise correctement. Décrypter, analyser, rechercher sans se perdre ou gober la première fake news, cela s’apprend !

Et pas de culpabilité à mettre un contrôle parental ! Contrôler l’exposition aux dangers est bien une fonction parentale. Bien que l’accessibilité d’internet et l’ingéniosité de nos petits geeks soient sans limites, il faut résister, même imparfaitement.

Impossible de se passer de ces avancées technologiques. Elles font pleinement partie de la vie de nos enfants et ne sont pas sans avantages. Alors ? Où est notre rôle d’adulte ?

L’article suivant est une interview de Thomas Rohmer, directeur et fondateur de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique par France info.

« Les parents doivent « s’intéresser plutôt à ce qui se passe à l’intérieur des écrans plutôt qu’être des simples régulateurs du temps passé » « , nous rappelle-t-il.

Éducation : les parents doivent « sortir du contrôle du temps passé sur les écrans pour s’intéresser » à ce que leurs enfants regardent

Article rédigé par franceinfo Radio France Publié le 08/10/2024 08:05

« Mettre des mots » sur ce que même les tout-petits voient « et déconstruire les images » est « un enjeu du quotidien », insiste Thomas Rohmer, directeur et fondateur de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique qui publie une étude sur l’exposition aux écrans. Il appelle à plus de « cohérence éducative et sociétale ».

Les parents doivent « s’intéresser plutôt à ce qui se passe à l’intérieur des écrans plutôt qu’être des simples régulateurs du temps passé », estime mardi 8 octobre sur franceinfo Thomas Rohmer, directeur et fondateur de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique qui publie une étude, réalisée par Ipsos média, sur le temps que les enfants passent sur les écrans. Selon cette étude, les écrans occupent une place de plus en plus importante dans la vie des enfants âgés de 7 à 17 ans.

« Globalement, les adultes ont envie de s’emparer du sujet et s’y intéressent. Pour autant, la difficulté demeure la même, à savoir mettre en place des règles », explique Thomas Rohmer. 53% des parents ne se sentent pas suffisamment accompagnés dans l’éducation numérique de leurs enfants, contre 46% en 2021. Ils sont 74% à estimer que l’enfant passe « trop de temps » sur les écrans contre 79% en 2021. Alors que l’OMS alerte sur les dangers des écrans pour les jeunes enfants, Thomas Rohmer incite les parents à « sortir un peu de cette logique de contrôle du temps passé ». « Intéressez-vous à ce que font vos enfants » sur les écrans, il faut « passer du temps » avec eux sur les outils numériques, conseille-t-il.

franceinfo : Que dit votre nouvelle étude ?

Thomas Rohmer : On est dans la continuité de ce qu’on constatait en 2021, c’est-à-dire une difficulté quand même globale des adultes à apprécier la réalité du temps passé. Même s’il est vrai que le temps passé n’est pas forcément la donnée la plus intéressante d’un point de vue éducatif. C’est ce qui nous incite à dire aux parents de s’intéresser plutôt à ce qui se passe à l’intérieur des écrans plutôt qu’être des simples régulateurs du temps passé.

Les parents ne savent pas assez ce que font leurs enfants sur les écrans ?

On est dans une grosse contradiction. On équipe les enfants de plus en plus tôt. On y voit qu’ils y passent un temps conséquent, mais derrière, on voit clairement également un manque d’intérêt des adultes pour ce qui s’y passe, ce qui peut induire des prises de risque chez les jeunes. Ça ne facilite pas non plus la mise en place d’un cadre éducatif qui soit cohérent.

À partir de quel âge les enfants ont leur premier portable ?

On retombe un peu sur les chiffres d’avant, à savoir un rituel de passage lors de l’arrivée au collège. Ce qui est assez intéressant aussi, c’est de questionner les critères de motivation des adultes. On voit bien qu’on a face à nous des adultes pour lesquels les outils numériques sont aussi des outils de réassurance. Dans cette société un petit peu anxiogène dans laquelle nous vivons, ce qu’ils nous racontent le plus souvent en groupe de parole, c’est : on a besoin de joindre notre enfant 24h sur 24, sept jours sur sept.

Est-ce qu’il y a tout de même un début de prise de conscience chez certains parents ?

Globalement, les adultes ont envie de s’emparer du sujet et s’y intéressent. Pour autant, la difficulté demeure la même, à savoir la difficulté à mettre en place des règles. Mais ce n’est pas qu’au sein des familles. On voit bien aussi qu’au niveau des politiques publiques, on est au cœur de pas mal de contradictions.

« On vient d’instaurer des pauses numériques dans les établissements scolaires, mais en même temps, tous les élèves de sixième ont passé des évaluations nationales sur ordinateur. Ces contradictions, on les retrouve un peu partout dans la société. »

Tous les parents ont déjà vécu cette situation de recevoir des alertes sur les plateformes proposées par l’Éducation nationale. Sans nier l’importance et l’intérêt de ces outils, on voit bien qu’on a besoin de retrouver un peu une cohérence au niveau sociétal avant de stigmatiser soit les pratiques des jeunes, soit de diaboliser les outils. Il faut avant tout remettre, peut-être, un peu de cohérence éducative et sociétale, parce qu’on voit bien que ça fait 20 ans qu’on parle de ces sujets et que ça n’avance pas forcément de la meilleure des manières.

Peut-on faire aujourd’hui le lien entre le mal-être des enfants et l’utilisation des réseaux sociaux ?

Ce sont des sujets qui cristallisent beaucoup de polémiques et on voit bien que la recherche scientifique ne va pas aussi rapidement qu’on le souhaiterait. Pour autant, il y a un certain nombre d’études récentes, notamment de l’OMS, qui viennent pointer du doigt la responsabilité des réseaux sociaux sur une forme de mal-être. D’où l’intérêt pour les adultes à s’emparer du sujet, en faire un véritable enjeu éducatif autour d’une hygiène de vie quotidienne, comme on le fait pour tout un tas d’autres sujets du quotidien.

Quels conseils donneriez-vous à des parents ?

Le conseil qu’on donne, c’est d’essayer de sortir un peu de cette logique de contrôle du temps passé. Au contraire, comme le montrent aussi certaines études scientifiques, l’intérêt, c’est de passer du temps aussi avec ses enfants et de s’intéresser à ce qu’ils font avec les outils, à ce qu’ils regardent, pour pouvoir également, lorsqu’ils sont tout-petits, mettre des mots sur ce qu’ils ont vu et déconstruire les images. C’est un enjeu du quotidien. On avait sorti une étude qui montrait justement que l’utilisation des séries télé ou des dessins animés en famille peut permettre justement d’aborder certains sujets compliqués ou tout simplement de passer un bon moment ensemble. C’est vraiment l’un des messages phares qu’on essaie de passer aux parents partout en France. Intéressez-vous à ce que font vos enfants. Ce qui n’empêche pas de mettre un cadre et des limites quand c’est nécessaire.

Partager notre article

Share your thoughts

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *